C'est le mot à la mode. "Choc de croissance, "choc de confiance", "choc de compétitivité", "choc de moralisation"... Fainéantise ou mimétisme, les plumes en mal d'inspiration pour trouver dans la belle langue française, le mot qui marque, ont trouvé le truc passe partout. Pour donner le meilleur impact aux décisions qui peuvent être un peu en retrait par rapport aux intentions, la formule est trouvée : « choc »…
Parce que la politique est affaire de sémantique, revenons au sens des mots. Un choc nous dit le dictionnaire est « une interaction violente » entre deux entités. Les mots qui viennent à l’esprit pour illustrer l’idée sont tout aussi durs. On parle de collusion, de chutes, de secousses…
Ramené aux politiques évoquées, le terme n’est-il pas un peu fort ? Ne risque-t-on pas de vider le terme de sa substance ?
Surtout, n’y a-t-il pas illusion entre la violence du coup, son caractère radical et la réalité des moyens et surtout des effets ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ceux qui inventent ces formules ont compris la gravité de la situation au vu des mots qu’ils choisissent !
Et pourtant, le compte n’y est pas. Dans la crise qui se caractérise aussi par la perte de beaucoup de repères, il y a aussi une confusion généralisée. On a soudain l’impression que le cas Cahuzac n’est pas un cas isolé et que chaque dirigeant politique, voire chaque militant peut un jour être pris la main dans le sac.
C’est plus d’une quête de sens dont il est question. Ils sont nombreux ceux qui voient un système, un clan, une clique qui ne mérite que de prendre ses cliques et ses claques et de partir loin…
Là dessus, la stratégie de la tension ourdie par les conservateurs et les réactionnaires, vaguement éplorés par la mort de Thatcher continue de saper l’ordre du moment. Les agressions homophobes, le harcèlement des déplacements ministériels, la tentative de faire émerger un « printemps français » jusqu’à, insulte suprême, manifester avec couvercles et casseroles, tout cela sent mauvais.
Pour la droite et l’extrême droite, manifester avec des casseroles, n’a rien à voir avec une « flashmob » contre la corruption. Tout cela a une histoire. C’est une forme de protestation qui était très prisée par les partisans de l’Algérie française et qui fut reprise par la bourgeoisie chilienne hostile à Allende qui avait mis en scène la « pénurie » pour faire croire que le gouvernement d’Unité populaire affamait le pays. C’était en 1971, on sait ce qui s’est passé deux ans plus tard.
Nous ne sommes plus à la même époque, mais bon voit bien comment, la droite cherche à entretenir par petites touches, cette stratégie de la tension qui s’illustre aussi par les actes de vandalisme à l’égard des locaux de sections socialistes. Ca laisse présager de forces inquiétudes sur le climat des élections municipales…
Il faut tenir le « choc ». Pour cela, serrer les rangs, mais organiser la riposte en déployant les forces de gauche pour ne pas donner le sentiment que le gouvernement se bat seul…
On nous dira qu’il faut surtout changer de cap. Nous pensons que c’est en parlant plus haut et plus fort et en agissant plus fermement qu’on peut peser sur la situation.
Car pour en revenir à la sémantique, quand il y a collusion, il y a un des éléments qui brise l’autre. C’est au PS d’être le noyau dur d’où partira l’énergie qui disloquera l’adversaire. Nous devons lutter pour imposer notre interprétation des événements, notre diagnostic et notre thérapeutique. C’est une fois de plus un combat idéologique et politique…
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