Le Monde daté du 8 mai a présenté l’Alliance progressiste, une initiative allemande qui devrait officiellement voir le jour lors des festivités du 150e anniversaire du SPD.
Le constat fait par les sociaux-démocrates allemands et à leur suite, la majorité des grands partis sociaux-démocrates européenne, est que l’Internationale socialiste dans sa forme actuelle est sans expression, sans buts, sans activité. Pire, elle rassemble trop de partis infréquentables sans être capable de faire respecter ses principes. Par exemple, le RCD tunisien ou le PND égyptien exclus tardivement, au lendemain des printemps arabes.
Le Parti socialiste français a toujours été attaché à l’Internationale, mais aussi au respect de l’éthique. Cependant, dans une organisation internationale, il est difficile pour un parti d’imposer sa ligne sachant que « d’où on parle » est important puisque les partis européens, fondateurs de l’IS - sont devenus minoritaires tout en ayant été longtemps les principaux donateurs.
C’est parce que le PS n’avait pu empêcher l’adhésion du RCD par exemple qu’il encouragea l’adhésion d’Ettakatol par exemple.
Le problème de la contestation dans l’IS était le résultat de quelques problèmes liés les uns aux autres. La méfiance des partis africains ou latino-américains à l’égard des partis « du nord », l’absentéisme des grands dirigeants qui a encouragé une dépolitisation et une bureaucratisation de l’organisation, l’affaiblissement des discussions politiques réduisant les possibilités de campagnes ou de mobilisations aussi bien au niveau régional qu’à l’échelle mondiale. On peut y rajouter aussi, la perte d’influence des Européens face à un monde qu’ils ne comprenaient plus car la redéfinition d’un projet socialiste démocratique au plan global se heurtait à des divergences d’analyses et d’expérience criantes sans parler de l’impuissance face aux conflits comme ceux sur le Sahara occidental, la question palestinienne ou les questions démocratiques ou de corruption dans des pays où le parti au pouvoir était membre de l’IS…
Derrière l’alliance progressiste qui devrait rassembler, outre des partis européens, le parti travailliste australien, les partis arabes et israéliens, il y a la question centrale des possibilités d’un mouvement socialiste international organisé à un moment où la coordination et le rayonnement prennent le pas sur l’approfondissement au plan national des grandes orientations décidées au niveau global…
C’est la raison pour laquelle le PS avait proposé à l’Internationale socialiste de travailler sur des campagnes articulées avec le mouvement syndical ou les ONG et d’organiser une coordination des think tanks progressistes ainsi qu’un dialogue permanent avec d’autres partis comme le PT, le Parti du Congrès, les Démocrates américains ou japonais.
Il y a eu dans l’histoire du mouvement socialiste international, des précédents similaires. C’est notamment le cas de la fameuse « Internationale Deux et demi qui organisa les partis qui avait quitté la IIe Internationale après que celle-ci eût échoué en 1914, mais qui refusaient de rejoindre la IIIe Internationale. On y retrouvait notamment la SFIO et cette Internationale là rejoignit l’Internationale ouvrière socialiste qui devait donner naissance en 1951 à l’IS. Si la IIe Internationale fut fondée à Paris en 1889, la refondation de l’Internationale socialiste eut lieu à Hambourg en 1923 puis à Francfort en 1951.
Il n’est pas anodin que le SPD qui fut le grand parti dominant de l’Internationale il y a un siècle, cherche à jouer à nouveau un rôle d’entraînement en lançant l’Alliance des progressistes à Leipzig 90 ans après le congrès de Hambourg qui refonda le mouvement socialiste international après la Première guerre mondiale.
Comme à l’époque, la social-démocratie est contestée par une gauche critique qui lui reproche le fait d’être opportuniste ou dans la gestion. De nos jours, la social-démocratie fait partie du système aux yeux de gens qui croient qu’elle ne pourrait pas mener de politiques si différentes que cela de la droite. Comme à l’époque, la montée des périls nationalistes et fascistes se nourrissait de la crise. La comparaison s’arrête là.
Depuis on sait que cela a abouti au démantèlement de la démocratie et aux plus grandes tragédies de l’Histoire une fois qu’on avait fait la démonstration de la faiblesse des démocraties face aux régimes autoritaires.
Le renouveau d’un mouvement socialiste international aujourd’hui passe par une véritable internationalisation de la question sociale. C’est une question difficile car il s’agit de aire converger les intérêts des travailleurs alors qu’ils peuvent paraître contradictoires si on regarde d’un côté par exemple la nécessité pour un pays émergent de trouver de nouveaux marchés et pour un pays européen de protéger les siens…
Nous verrons comment l’Alliance progressiste essaie de fixer la feuille de route de la gauche du XXIe siècle et quelles méthodes elle propose pour y répondre.
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