On sait que quasi mécaniquement, les élections intermédiaires en général, les législatives partielles en particulier ne profitent pas au pouvoir en place. Dans le contexte actuel, avec une gauche désavouée et une droite divisée, les deux confrontées aux affaires, c'est logiquement le Front national qui en profite. Après les réactions des uns et des autres, frôlant parfois l’irrespect, il est possible aujourd’hui de considérer les événements avec un peu de recul. Les résultats de dimanche dernier sont-ils dus à un désaveu de François Hollande, la division de la gauche ou bien une véritable adhésion aux valeurs du FN ? L'analyse du vote dans cette circonscription permet de nuancer les principaux enseignements qui ont été assénés très vite après l'annonce des résultats. A y regarder de plus près, le vote front national a été, depuis une dizaine d’années, en constante progression dans cette circonscription. En 2007, le candidat front national reçu au premier tour le suffrage de 2 083 votants (soit 4,0% des votes). En 2012, le candidat FN aura été préféré par 7 566 votants au premier tour. Ce sont donc 5 483 électeurs supplémentaires qui ont été conquis par le parti frontiste.
Sur le même intervalle de temps, l’UMP a subi le sort inverse. Il a perdu 7 829 votes. Le parti de l’opposition subira un second désaveu aux législatives partielles puisqu’il perdra encore 3575 voix. Depuis 2007, aucun autre parti n’aura perdu autant de voix dans cette circonscription. S’il fallait donc faire un parallèle avec l’échelon national, ainsi que l’a fait M. Copé, c’est bien l’échec de l’UMP qui s’impose comme une évidence !
Ce qui étonne tout autant, c’est l’évolution du FN. Sa progression semble soudaine. En termes relatifs, le FN atteignait 26,0% au premier tour des législatives partielles contre « seulement » 15,7% au premier tour des législatives de 2012. Etait-ce pour autant le signe d’un véritable engouement pour le FN ?
En réalité, le FN a gagné très peu de voix entres ces deux élections. En 2013, il enregistrait 8552 voix contre 7 566 en 2012, soit une progression de 13%. C’est beaucoup, certes, mais c’est surtout beaucoup moins que la hausse de l’abstention qui a bondi de 48,6%. Pour donner un ordre de grandeur, le score du FN en 2012 aurait été de 23,0%. Il n’y a donc pas eu d’engouement FN, mais bien un désintérêt des citoyens pour le vote des législatives partielles.
Enfin, la gauche dans son ensemble n’obtient que 10732 voix, loin derrière la droite qui recevait 18188 suffrages. La gauche n’aurait donc rien pu faire face à la droite dans ces élections. Pour autant, les élections à venir risquent d’être difficiles pour la gauche en générale et le parti socialiste en particulier. Aucune division ne permettra à l’une des formations de gauche de réussir à percer. La division ne fait que le jeu du FN. C’est la raison pour laquelle « l’automaticité » du mur républicain est une nécessité. Ce qu'on peut dire au final c'est que s'il y a eu une progression du vote frontiste, qui correspond au désaveu à l'égard des partis républicains. En d'autres termes, il y a nécessité à retrouver la confiance des électeurs et de faire baisser l'abstention et surtout, il y a urgence à reconstruire l'unité de la gauche, unique alternative à la montée du FN et à la lepénisation de la droite.
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